Jour 13 - L'acceptation totale
Dec 12, 2025Petit rappel :
Comme annoncé et rappelé régulièrement, les 10 premières vidéos étaient un cadeau supplémentaire pour lancer cette aventure ensemble.
L'envoi des textes quotidiens, offert à toutes les personnes inscrites, et leur disponibilité sur ce blog du Calendrier, continue bien sûr gratuitement jusqu'au 25 décembre.
Si vous souhaitez accéder de surcroît à l'intégralité des 25 vidéos ainsi qu'aux textes en pdf et aux fichiers audio à télécharger, deux formules simples sont disponibles : 27€ (pour un accès aux pdf, audios et vidéos jusqu'à fin janvier 2026) ou 97€ pour un accès permanent et illimité.
- Pour découvrir : cliquer ici.
Le paradoxe du changement par le non-changement
Voici une réflexion qui donne à réfléchir : le moyen le plus rapide de changer quelque chose est de l'accepter pleinement au préalable. Cela ressemble à un évitement pseudo-spirituel ? Ce n'est pas le cas. Il s'agit d'une rencontre entre les neurosciences et la sagesse ancestrale, et c'est peut-être la pratique la plus révolutionnaire que nous puissions jamais apprendre !
L'acceptation n'est pas la résignation
L'acceptation radicale est probablement l'un des concepts les plus mal compris du développement personnel. Beaucoup l'interprètent comme une capitulation passive : « Je dois accepter cette situation injuste et ne rien faire. » Or c'est exactement l'inverse que révèlent les neurosciences et la psychologie.
L'acceptation radicale n'est pas l'abandon de votre pouvoir – c'est la récupération de votre énergie. Tant que nous résistons mentalement à ce qui EST déjà, nous gaspillons une quantité colossale de ressources neurologiques dans un combat contre la réalité. Cette résistance active en permanence notre système de stress, produit des niveaux élevés de cortisol, et nous maintient dans les circuits neuronaux de la menace.
Marsha Linehan, créatrice de la thérapie comportementale dialectique, définit l'acceptation radicale comme « l'acquiescement total à la réalité telle qu'elle est, dans ce moment, sans jugement ». C'est seulement depuis ce lieu d'acceptation totale que l'action juste peut émerger.
Le coût neurologique de la résistance
Imaginez que vous tenez un verre d'eau. Au début, il ne pèse presque rien. Mais si vous continuez à le tenir pendant des heures, votre bras commence à trembler, à souffrir, à se fatiguer. Ce n'est pas le poids du verre qui vous épuise – c'est la durée de la résistance à la gravité.
La résistance psychologique fonctionne exactement de la même manière. Quand nous refusons mentalement une réalité déjà présente (« Ça ne devrait pas être comme ça ! » « Ce n'est pas juste ! » « Pourquoi moi ? »), notre cerveau entre dans un état que les neurosciences appellent « dissonance cognitive ».
Cette dissonance active simultanément deux réseaux contradictoires : celui qui perçoit la réalité ET celui qui la rejette. Cette activation conflictuelle consomme énormément d'énergie métabolique, génère de l'inflammation neuronale, et nous maintient dans un état d'hypervigilance chronique.
Les trois niveaux d'acceptation radicale
L'acceptation radicale n'est pas un événement unique, mais un processus à plusieurs niveaux :
Niveau 1 : Acceptation factuelle
« Cette situation existe. C'est un fait. » Vous reconnaissez simplement ce qui est, sans y ajouter d'histoire. Macron est au pouvoir. Votre partenaire vous a quitté. Vous avez perdu votre emploi. Une personnes que vous aimez a une maladie. C'est. Point.
Niveau 2 : Acceptation causale
« Tout ce qui a conduit à cette situation était inévitable, compte tenu des conditions passées. » Cela ne signifie pas que c'est bien ou souhaitable – seulement que, étant donné l'ensemble des facteurs (votre histoire, celle de l'autre ou des autres, le contexte, les blessures non guéries, les patterns inconscients), cette situation ne pouvait pas NE PAS arriver. C'est la compréhension de la causalité – de l’interdépendance entre les phénomènes, diraient les Bouddhistes.
Niveau 3 : Acceptation comme portail
« Cette situation, aussi douloureuse soit-elle, contient quelque chose pour moi. » C'est le niveau le plus profond. Vous cessez de voir la difficulté comme un obstacle et commencez à la voir comme une opportunité d’évolution, une invitation à grandir vers une version plus construite et plus libre de vous-même.
La neuroplasticité de l'acceptation
Quand vous pratiquez l'acceptation radicale, quelque chose de remarquable se produit dans votre cerveau. Les recherches en neurosciences contemplatives montrent que :
- Votre amygdale s’apaise : la menace perçue diminue car vous cessez de combattre ce qui est déjà là.
- Votre cortex préfrontal ventromédian s'active : cette région est associée à la régulation émotionnelle et à l'intégration de l'expérience.
- Vos circuits de récompense dopaminergiques se réactivent : en cessant de lutter, vous libérez de l'énergie pour l'action constructive, ce qui restaure ce qu’on appelle en psychologie votre sentiment d'agentivité (la possibilité d’être un acteur et non pas seulement subir la situation).
- Votre système nerveux parasympathique prend le relais : vous sortez de l'état de lutte/fuite/soumission et entrez dans un état de repos/restauration, permettant la guérison.
En d'autres termes : l'acceptation radicale n'est pas passive, elle est neuro-régénératrice.
L'exercice expérientiel : l’entraînement à l’acceptation
- La déclaration d'acceptation radicale : lorsque des émotions difficiles surgissent, dites à haute voix : « J'accepte de ressentir [émotion] en ce moment. Je ne suis pas obligé de l'aimer, mais je peux la laisser exister. » Ressentez la différence entre laisser exister (ce qui existe de toute manière déjà !) et approuver.
- Scan d'acceptation corporelle : allongez-vous et scannez mentalement votre corps. Remarquez les zones de tension ou de douleur. Au lieu d'essayer de les détendre, dites : « Je reconnais cette tension. J’accepte qu'elle soit là. » Observez ce qui se passe.
- La pratique du « oui, et » : lorsque votre esprit vous dit « C'est terrible », répondez par « Oui, c'est difficile, et je peux y faire face ». « Oui » reconnaît la réalité ; « et » ouvre des possibilités.
- Méditation d'acceptation : Asseyez-vous tranquillement. Observez tout ce qui surgit : pensées, sentiments, sensations. Entraînez-vous à dire « oui » à chacun d'entre eux. Pas « j'aime cela », mais « j'accepte cela ».
La libération paradoxale
Voici le paradoxe magnifique de l'acceptation radicale : quand nous cessons totalement de lutter contre ce qui est, nous récupérons 100% de votre énergie pour influencer ce qui peut l'être. Nous ne nous épuisons plus dans la résistance. Nous devenons disponible pour l'action juste, celle qui émerge de la clarté plutôt que de la réactivité.
L'acceptation radicale ne vous rend pas passif – elle vous rend votre puissance. Car vous cessez de gaspiller votre force à repousser l'inévitable et vous la dirigez entièrement vers la création de ce qui est possible.
La pratique de l’acceptation radicale démontre des bénéfices solides et bien documentés. Elle réduit significativement les symptômes de dépression et d’anxiété (effets modérés à forts, souvent durables sur plusieurs mois), tout en favorisant une moindre réactivité aux émotions négatives plutôt qu’une lutte stérile contre elles. Elle améliore la flexibilité psychologique, la résilience face au stress, la satisfaction de vie et le bien-être général, y compris chez des populations vulnérables comme les jeunes adultes ou les personnes avec douleurs chroniques.
Aujourd'hui, lâchons les luttes inutiles. Sentons plutôt comment agir au mieux en fonction des circonstances
Références
Binder, P. E., Dundas, I., Stige, S. H., Hjelen, S., Woodfin, V., Holgersen, H., & Schanche, E. (2019). Becoming aware of inner self-critique and kinder toward self: A qualitative study of experiences of outcome after a brief self-compassion intervention for university level students. Frontiers in Psychology, 10, Article 2728.
Floody, D. R. (2014). Serenity and inner peace: Positive perspectives. In A. C. Michalos (Ed.), Encyclopedia of quality of life and well-being research (pp. 5845–5850). Springer.
Ford, B. Q., Shallcross, A. J., Mauss, I. B., Floody, D. R., & Gruber, J. (2020). Desperately seeking happiness: Valuing happiness is associated with psychological health. Journal of Positive Psychology, 15(4), 463–476.
Kashdan, T. B., Disabato, D. J., Goodman, F. R., & Naughton, C. (2021). The psychological health benefits of accepting negative emotions and thoughts: Laboratory, diary, and longitudinal evidence. Journal of Personality and Social Psychology, 121(1), 229–244.
Lomas, T., Waters, L., Williams, P., Oades, L. G., & Kern, M. L. (2021). Third wave positive psychology: Positive psychology 2.0 and beyond. International Journal of Wellbeing, 11(1), 1–20.
Molamohseni, F., Sadatmarashian, F., & Zare, H. (2024). Effectiveness of positive psychology training and acceptance and commitment therapy on psychological distress and academic motivation in students with parental loss. Jundishapur Journal of Health Sciences, 16(1), e145711.